Plein de petits Lyonnais au Tchad, Al hamdu lillah aucun stéphanois

Plein de petits Lyonnais au Tchad, Al hamdu lillah aucun stéphanois

mercredi 7 avril 2010

FIN DE MISSION

Ça y est 2années sont passées depuis que j’ai atterris ici, 2 longues années qui sont passées à une vitesse folle, deux années si riches en rencontres en découvertes, 2années à jamais gravées en moi.2 années bien occupé par le travail, j’étais venu pour me rendre utile et pourtant, je m’en doutais avant de partir, aujourd’hui c’est une certitude, j’ai reçu bien plus que je n’ai put donner.

J’avais souvent entendu cette contestation : l’Afrique n’est pas un pays, je la comprends largement aujourd’hui car le Tchad est un monde à lui seul ; des réalités si différentes d’une région à une autre, d’une ville à une autre, d’un quartier à un autre, d’une maison à une autre. Des différences culturelles si importantes qu’en deux ans je suis bien loin d’avoir exploré ce pays si divers et encore plus loin d’avoir compris toutes « ses cultures ».

Misère misère: le Tchad est classé à juste titre parmi les plus pauvres pays du monde.

Au final, la misère n’a de nom que lorsqu’elle est confrontée à une situation « meilleure ».En effet, l’homme qui n’a qu’une pièce pense qu’il est riche tant qu’il n’a pas croisé un homme qui en a deux, on dit qu’un pays est pauvre parce qu’on compare ses richesses à un autre…. Qu’elle soit matérielle ou intellectuelle, elle ne devient un problème seulement lorsque les 2 réalités se côtoient. Car (c’est au moins ma supposition) de ces deux misères mais surtout de leurs confrontations sont engendrés les plus gros problèmes sociaux, des problèmes catastrophiques ! (J’ai connu si peu de famille sans problèmes).

Parmi mes amis peu sont à considérer comme pauvre et pourtant aucun d’entre eux ne sait s’il aura de quoi vivre le mois qui suit, comment penser et construire l’avenir dans ces conditions ? Et pour les plus pauvres ? Car on croise toujours plus pauvre !

En même temps, je m’en doutais aussi avant de partir, c’est aussi une certitude aujourd’hui, quelque soit la misère dans laquelle on vit, on peut être heureux, jamais en France je n’avais entendu des rires d’enfants comme ici, et mis à part la violence dont ils sont souvent victimes, je me suis parfois pris à envié pour nos enfants de France, une enfance comme celle que peuvent vivre les enfants Tchadiens.

Pendant ces 2 années, comme les étrangers de mon pays, même si ca n’a pas été très fréquent, j’ai appris ce que c’est que d’être détesté pour sa couleur de peau. Contrairement à ces derniers et cette fois ci très fréquemment ma couleur m’a offert beaucoup de respect, des places d’honneur lors d’invitation ou de cérémonies et un accueil plus que chaleureux lors de visite surprise.

Mon avenir ? Ma prochaine année se fera au Tchad : la providence m’a offert un nouveau travail à découvrir et à apprendre avec une petite ONG Italienne, il concerne 19 écoles de brousse dans lesquelles nous devons faire des forages, des latrines et des champs communautaires afin que les écoles puissent s’autonomiser, en parallèle, il y a tout un programme pédagogique pour renforcer le niveau des maitres qui est souvent très faible.

Je parle de providence car ce projet se passe dans le Guerra. Une région que j’avais envie de connaitre en profondeur où vit une Femme qui porte bien son nom avec qui je rêve de continuer à construire ma vie. (Inch Allah on verra)

Je veux conclure en remerciant tous les amis tchadiens pour ce qu’ils m’ont apportés, je pense spécialement à ceux avec qui j’ai vécu, aux enfants qui habitaient la maison, c’est eux qui m’ont donné de la force, à ceux avec qui j’ai noué des liens d’amitié, je veux remercier tous mes amis coopérants pour nos partages, pour le soutien que nous nous sommes donné les uns aux autres, vous remercier vous pour vos prières ou vos pensées qui m’ont porté, votre soutien, vos lettres vos colis qui m’ont fais un bien fou. Je veux avoir une grande pensée pour mon responsable, le Père Serge un homme saint d’une grande sagesse et d’une grande intelligence, j’ai appris beaucoup de lui.

Je termine en rendant grâce à DIEU car tout vient de Lui.

LA VIE EST BELLE


Je suis en France du 18avril au 2mai



Ah et J’allais oublier :

Je libère mon appart quartier Moursal N’djaména (30m² avec terrasse 12m² environ avec vue imprenable sur le robinet).

















mercredi 23 décembre 2009

BONNE ANNEE 2010


La saison des pluies en retard s’est réellement installée en septembre et a durée jusqu’à fin octobre (normalement juillet et aout à N’jamena) et alors que le « froid » est tombé en 3jours, j’ai pu le mesurer : le 14 novembre j’ai enfin mis un drap sur moi pour dormir, le 15 je me suis momifier dedans, le 16 je dormais dans mon duvet….je me suis résigné à dormir à l’intérieur depuis la fin novembre. La nuit le thermomètre peux descendre à 15°.
Il n’a pas plut suffisamment, et les récoltes n’ont pas été excellentes… Si il n’y pas la famine l’année prochaine, les négociants pourront au moins largement spéculer dans les zones reculées du pays. Certaines régions, en plus du manque de pluie ont été victimes des criquets.

4 mois qui passent, c’est des nouveaux décrets qui tombent du jour au lendemain :
-Clandos (taxi moto) interdit dans la capitale (gagne pain de centaines de personnes).
- Pour les voitures, il faut un laisser passer « le OK » pour circuler, pour l’obtenir vous devez avoir au grand minimum une journée à perdre et généralement quelques milliers de CFA. Les policiers vous arrêtent, s’invitent dans votre voiture et vous conduisent à un poste où ils inspectent en long en large et en travers votre voiture et vos papiers. Même si la voiture est neuve, il y aura quelque chose qui ne va pas.
Pour l’instant, je m’en sors en évitant de faire trop de route et surtout en évitant le goudron ou au moins les ronds-points. J’ai été contraint de corrompre la seule fois qu’ils mon attrapés. Je les ai croisé alors qu’ils étaient en circulation, un camion avec son plateau remplit de flics les semaient par ci par là. Ils étaient encore suffisamment nombreux à me siffler pour que je ne puisse faire semblant de ne pas les avoir vu. Je me confesse (moi qui dénonce la corruption) je leur ai glissé quelques billets…pour tenter de me justifier je n’avais vraiment pas la possibilité perdre le reste de ma journée et en plus l’addition aurait été plus salé.

4 mois qui ont été largement remplis par le travail, pas de gros chantier mais quelques petits à suivre ; c’est le moment où il faut analyser les projets les plus urgents, les concevoir et les estimer. (Pour cela, mon travail consiste à fournir des plans de principe et d’estimer les couts de la construction.)C’est le moment pour gratter de la maille aux églises européennes, les demandes devaient partir pour Rome avant le 15 décembre.
Et aussi déjà ? Préparer la relève… Séverine une belgicaine ; ma « descendante» à ce poste va se poser ici en janvier nous allons avoir normalement un peu plus de trois mois pour se passer le relais correctement.
Pendant ces 4 mois il y a eut le ramadan, il y a eut le moment des criquets, on peut les acheter grillés à tous les coins de rue, le moment des arachides, on croise sans arrêt des vendeurs à la brouette, moment pendant lequel on trouve de nombreux légumes et de nombreux fruits, la fin de saison des pluie est une période durant laquelle les plus pauvres peuvent se nourrir un peu mieux.

Un événement rare,
il y a eut l’ordination d’un évêque (Diamantina fait à mi-temps son secrétariat), la structure de l’Eglise ca me dépasse un peu mais il s’agit concrètement d’une région d’un pays qui est en train de devenir un diocèse. Une véritable fête pour les catholiques de cette région où ils sont en grande minorité. Ce futur diocèse colorié sur la carte mesure 540 000km² (France métropolitaine 543 000km²), il est une : « Église des frontières » : entre désert et plaines herbeuses ; entre populations nomades et sédentaires ; entre ethnies arabes et négro africaines ; entre Islam, Animisme et Christianisme ; entre chrétiens du Nord du pays et chrétiens du Sud. Nous avons dès lors vocation à la rencontre ». (http://eglisemongo.org/spip.php)
La cérémonie à durée environ 6 heures (qui n’ont pas semblé), clôturée par des discours émouvant de proches du jeune évêque entre autre de très bon amis musulmans.





Quelques moments privilégiés :

Sur la route du retour de l’ordination, j’ai eut l’occasion aussi d’effectuer un petit voyage en brousse dans des conditions exceptionnelles, avec mon ami Gargotto, retour pour lui dans son village natal après 5ans sans y avoir mit les pieds avec deux de ses sœurs, et de ses deux filles qui découvraient pour la première fois les villages de leurs parents. Après être passé au marché de Bitkine pour faire le plein de coros de sucre et de thé(des trésors en brousse)J’ai put vivre avec lui les émotions des retrouvailles, les moments douloureux, ici même si on ne laisse pas trop transparaitre ses ressentis, on ne pleure pas, ce grand gaillard a été bouleversé de ne trouver plus qu’une vieille dame dans le hameau où sa grand-mère l’a élevé, « tous sont morts » : ce sont les seuls mots qu’il a prononcé tout de suite. C’est des retrouvailles d’à Dieu, « c’est notre dernière vue » lui a dit un vieil oncle que l’on a surprit allongé sur un morceau de natte avec pour oreiller une branche d’arbre de bon diamètre, il a mit quelques secondes avant de reconnaitre un de ses fils. C’est 5ans de condoléances à présenter, (beaucoup de décès en 5ans).
Mais c’était aussi l’ambiance des soirées où un enfant du village qui a réussit sa vie (c’est plutôt rare) revient et prouve son attachement et son respect pour ses racines, des grands moments de joie, de rire, de partage. Un défilé incessant, je pense que tous les hommes du village sont venus saluer les étrangers et le nassara, venus voir l’enfant du village vieilli, il avait laissé exprès pousser ses cheveux pour montrer qu’ils sont devenus blancs, et tous lui ont fait la remarque, une vieille dame lui a dit : « mais comment, toi là ! Que j’ai porté dans mon dos, toi tu as les cheveux blancs ? Moi-même je n’en ai pas ! ».
L’homme qui nous as reçu est son oncle mais aussi son filleul car c’était Gargotto son parrain pour son baptême. Même si on vit très pauvrement en brousse il faut accueillir de la meilleure façon possible les étrangers. On a « mangé fatigué » et bu du thé fatigué. Deux chèvres égorgées pour chacune des deux soirées, mulah-eich à volonté.Ces soirs là tout le monde est le bienvenu, chacun mangera et boira du thé, même si il n’a jamais vu Gargotto.
Le cadre était incroyable, Banama et Somo sont deux villages au milieu des montagnes, on pouvait profiter du paysage de jour comme de nuit grâce à la pleine lune nous qui nous a offert un excellent éclairage. Pas même un moustique pour peter l’ambiance.
Les conditions de vie dans cette région sont très rudes, chacun vit sur les récoltes, et l’eau est extrêmement précieuse. Gargotto a distribué des vêtements, des pagnes, du thé, du sucre et des billets. Mais il a reçu aussi avec ses sœurs beaucoup d’arachides et ils ont aussi été contraints d’accepter une dizaine de poules.







Le logo de Mongo en image….





Un petit tour de coucou…
Balthazar m’a invité à profité du cadeau que Silvia lui a offert pour son anniversaire, un tour d’avion 4places d’une heure et demie au dessus du rocher des éléphants, du lac Tchad et du Chari mélangé au Logone qui viennent se jeter dedans. J’ai de la veine !







4 mois qui passent, c’est aussi j’en ai bien pris l’habitude, un lot de départs et un lot d’arrivées :
Dans l’ordre de départ :
Amci afê (va en paix) à Fleur, une amie d’avant de partir, puisque nous avions sympathisé en France lors des week-ends de recrutement de la DCC en novembre 2007. Elle a été envoyé comme infirmière à Douala, puis a trouvé un contrat local à N’djamena.
Ouai elle avait la connerie…


Amci afê à Fabien, collègue et ami DCC qui a travaillé à Goz Beida, petite ville de l’est du Tchad, dans des programmes d’éducation auprès des populations réfugiées, déplacées et nomades.

Bye à JB qui était Kiné à Pala qui rentre en France après son année de mission et 20kg de moins ! Vous vous trouvez trop gros ? Postulez à la DCC… http://www.ladcc.org/

Bye à Anne-Sophie et Joel et Thomas de Doba.


Amci afê Arti Justine (coordinatrice et enseignante dans une faculté de medecine) elle est partie le 26 décembre après 2riches années passées, mais elle a prit un aller/retour….






Bonne arrivée à Charlotte et Charles-François qui s'offre 2ans de voyage de noces à N’djamena.




Bonne arrivée aussi à Nicolas, Mathieu, Julien, Yves, Rémi, Christophe, Pierre, Olivier.



QUELQUES CHIFFRES :
- 8 500 000 000fcfa c’est le montant déboursé par le Tchad pour acheter des armes à la France (près de 13millions d’euros) Secteur en crise ?
- 25 000km², c’est la surface que faisait le lac Tchad il y a une quarantaine d’années, 2500 Km² c’est sa surface actuelle. Même si le président en personne est venu plaider sa cause à Copenhague, la zone est très pétrolifère…
- 7km, c’est le pas de géant que fait chaque année le désert au Tchad.
- Dans les 20% c’est le taux de réussite au BAC 2009

mardi 25 août 2009

"Tu as voyagé?"

Si j’écris aujourd’hui, ce n’est pas seulement pour alimenter le blog, c’est pour partager ma joie.
Je veux tout d’abord remercier DIEU parce qu’il me comble, en écrivant comme je le prie tous les soirs avant de dormir, que je Le remercie pour tous ses dons, entre autres la Joie, l’Amitié et L’Amour, car de ces trois là, il ne cesse de me combler.
Oui, j’ai voyagé en France et j’y ai passé un mois formidable ! Un mois de retrouvailles, un mois remplis uniquement de bons moments, un mois d’Amitié, de Fraternité, un mois de Joie:



mais aussi le comble de mon bonheur :



Un moi d’Amour.



J’ai aussi goûté au plaisir d’être un véritable touriste dans son pays, j’ai photographié mon village, mon cher Beaujolais, Lyon, l’autoroute, etc.…Diamantina, les fleurs, les tournesols, les bottes de foin, etc.…
J’ai eut le grand plaisir d’assister aux fiançailles de mon Frangin Manu et par la même faire connaissance avec ma future belle-sœur.
J’ai regoûté aux longues journées d’été qui peuvent même se prolongé par cette magie : l’électricité.
Enfin, je n’ai pas pu faire autrement que de manger l’exquis gratin dauphinois de ma Maman, profiter de la saison des barbecues, et autre spécialités bien françaises…Le tout bien souvent arrosé de Beaujolais, entre autre le goutu vin de la cave de Liergues.
Si bien que j’ai réussi à reprendre en un mois, neuf des quatorze kilos que j’avais perdus en 14mois !
A aucun moment je ne me suis senti pommé ou perturbé même si parfois mon euphorie pouvait me donner l’impression de l’être, mais peut-être aussi grâce au fait que je ne me suis jamais retrouvé seul.
Si ce n’était pas des enfants ou de certaines chevelures qui ont poussées, j’aurais presque eut l’impression d’être parti la veille.

Depuis que je suis revenu dans mon actuel pays de résidence, les « bonnes arrivées » sont compléter par des : « mais tu as gracies ? »

(Heureusement qu’ils n’ont pas vu Bi: la photo est de lui…et rigole pas Niggin’s t’as de la chance, je n’ai pas de photos..

)



Au-delà des grosses différences de confort, de train de vie que nous avons en France, des problèmes quotidiens qui sont d’un autre ordre, ça je le sais et ça ne m’a posé aucun problème, et ça ne m’en pose aucun du moment où on est conscient de la chance que nous avons. La seule chose qui a put me troublé, c’est la tenue vestimentaire de certaines filles qui ne sont pas encore des femmes… Sûrement regardent-elles trop certaines conneries à la tv…


Après un si beau mois passé avec les miens, j’appréhendais un peu mon retour ici, mais tout s’est bien passé, j’ai été très bien accueilli, j’ai été heureux de revoir ma famille et mes amis d’ici, tout le monde demande des nouvelles de la Maman, de la Famille, des Amis, du pays..., j’ai été très heureux de reprendre ma douche au sceau, heureux de ressortir comme chaque soir ma natte et mon matelas et d’installer ma moustiquaire sur ma terrasse. Heureux de reprendre mon travail qui redémarre en trombe.


En tout cas merci à tous pour ces inoubliables vacances que j’ai passé grâce à vous !


Amis croyants, merci de prier pour un couple qui m’est si cher et qui traverse une période insupportable.

Et comme disent nos frères Musulmans, ALLAH AKBAR ! (DIEU EST GRAND)







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EN BREF:




On est en pleine saison des pluies, mais le niveau des cours d’eau très bas est encore très inquiétant pour l’année à venir.


Mon quartier vient de passer un deuxième mois consécutifs sans une minute d’électricité.




Après Max à qui j’ai dis au revoir avant de rentrer en vacances, je viens de perdre en une semaine ma petite sœur Zoubikette partis travaillé à Douala avec un ami précieux Seid ; Sylvain puis Alice qui ont finit leurs deux années de mission à Pala et à Laï, ça fait beaucoup en peu de temps.
Bonne route à eux.





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LAI 4 jours

Petit retour en juin où j’avais fais une petite virée à Laï (environ 500kms de N'djaména) chez Alice avec mon frère tchadien Banda.
On a voyagé, dans un un bus dont le slogan est "confort ponctualité sécurité".Confort : il y a beaucoup moins confortable ici, mais le mot est encore fort, ponctualité : nous sommes partis avec 2h de retard ; sécurité : le chauffeur était très fatigué, et on a bien failli se tuer…Nous sommes allés avec ce bus jusqu’à Kélo, puis nous avons pris un « clando »(moto taxi) à 3 à fond sur les 70 derniers kms de pistes…Dieu est grand !





Photos: Banda avec Mariou et Manu (couple de volontaires espagnol); des enfants de Laï; notre bus; bar à billi-billi (bière traditionnelle de milles).



Photos: Banda en train d'initier des enfants handicapés au dessin et à la peinture; les oeuvres des enfants; Alice en train de présenter les nouvelles nationales et internationales (entre autres activités, elle dirigeait la radio communautaire de la région)



mercredi 3 juin 2009

MI-MISSION



Ca fait bien longtemps que je n'ai pas écrit, je m'en excuse. J'avoue que je trouve de moins en moins la motivation d'alimenter le blog pour raconter ce que je vis. Aujourd'hui ma vie est ici et tout est devenu plus ou moins normal après un peu plus d'un an. Non pas que j'ai tout compris sur ce pays, sur ses habitants, loin de là, mais je ne m'étonne moins et mes « références françaises » sont devenues plus lointaines au fur et à mesure que les tchadiennes sont devenues miennes.


Le plus riche dans cette expérience est sans aucun doute les rencontres, combien de personnes rencontrés, croisés je pense qu'en France il m'aurait fallu des années.

Des Amis ? Je suis déjà tellement gâté en France et ici c'est du sacré bonus ! Déjà les coopérants Dcc, qui sont partis, qui sont arrivés, qui sont revenus, des autres coopérants ou expatriés du coté européens, des prêtres et des sœurs du monde entier.
Du coté tchadien, des Mamans, des Papas, des Frères et des Sœurs : des amis de tous les âges (Après 40ans, on appelle souvent les hommes « papa » et les femmes « maman »)


Au niveau du travail, j'ai beaucoup appris et fini par prendre beaucoup de plaisir, plaisir à travailler avec les Tchadiens, plaisir car c'est un beau métier. Ces derniers mois ont été plutôt chargés, mais ca devrait bientôt se calmer grâce à la saison des pluies. On achève le second bâtiment de l'école des filles de Bailli (chantier de 4mois) et une bibliothèque pour un centre catholique universitaire à N'djaména (chantier de 9mois) entre autre petit chantiers.

Les tchadiens s'y sont fait, ont-ils d'autres choix, de très maigres mouvements ont eut lieu pour protester non pour « le pouvoir d'achat » mais contre « la cherté de la vie », car l'interdiction du charbon et du bois de chauffe ainsi que d'autres phénomènes font que les prix ont subit une belle augmentation.

A croire que les Tchadiens ont peur, dans le passé les manifestions ont souvent été réprimé très violemment par l'armée….où peut-être qu'ils sont habitués à toujours encaisser sans rien dire.

Je suis de très loin l'actualité française, je sais que la crise entraine des grèves, et je note là une comparaison entre mes deux pays, une population qui a l'habitude d'avoir surement trop et qui ne veut rien perdre ; et une qui n'a pas grand-chose mais qui souffre en silence en gardant l'espoir que tout ira bien bientôt.
(Je ne connais pas l'actualité et ne juge pas les grévistes qui ont surement de bonnes raisons de manifester, je fais un constat)

Cela reste un point de vue très personnel mais je pense que la crise n'est qu'a son début et l'Afrique sera surement plus a même à faire face car elle a l'habitude de se contenter de très peu, de notre coté…on risque vraiment de souffrir !

Mais je ne vaux pas plomber l'ambiance, surtout que j'ai la foi et que j'ai vraiment la pêche!


Je crois que les informations françaises ont évoqué le mouvement de rebelle qui a eut lieu au début du mois de mai, même si les tchadiens n'ont pas grand-chose, ils ne veulent plus de guerre, ils sont fatigués par ces mouvements rebelles qui se répètent sans arrêt, de vivre sans cesse dans la rumeur qu'une nouvelle guerre se prépare.
En partageant avec les amis tchadiens, j'ai relevé cette phrase d'un militaire tchadien gradé qui résume assez ce que tous pensent : « lui, ca fait dix-neuf qu'il bouffe, il est rassasié, il commence a laisser tomber des miettes, si c'est un nouveau, il va bouffer pendant dix-neuf ans avec la main sous la bouche »…
Et je ne peux pas dire que des miettes ne tombent pas en ce moment, même si elles ne tombent pas directement dans la bouche des tchadiens. En ce moment dans N'djaména c'est « les grand travaux » on goudronne beaucoup de routes, un hôpital « mère enfant » est en construction et la première pierre d'un énorme complexe universitaire dans la périphérie de la ville devrait bientôt être posée et encore d'autre travaux, lycées….Le problème risque d'être de trouver des médecins et des professeurs compétents car de ce coté il a vraiment falloir faire de très gros efforts !!! Surtout quand l'immigration choisit….comment gardé les plus compétents?
A oui j'allais oublier, même les camions poubelles passent depuis quelques semaines, je les ai vu pour la première fois dans mon quartier, alors que les combats débutaient dans l'est du pays.



Vous pouvez consulter http://tintinreporter.hautetfort.com/ voir l'article « les tchadiens veulent la pais et la justice », c'est le blog d'un journaliste qu'on a rencontré lors de son voyage, l'article n'est plus vraiment d'actualité (ce qui devait arriver arriva) mais il résume bien la situation.


ZAKOUMA
Pour Pâques, avec nos amies de Mongo, nous nous sommes offert la visitede la réserve naturelle de Zakouma, souvenirs inoubliables. La site est comme ca depuis toujours, préservé grâce à la fragile situation politique du pays (régulièrement la planque des rebelles), et aucun effort en matière de tourisme…pas de route goudronnée à moins de 500kms, l'accès est laborieux (seul une borne à un trentaine de kilomètre qui indique qu'il faut tourner à droite) ensuite c'est l'aventure dans la brousse, même pas un chemin tracé !



Mais c'était le prix à payé pour ce spectacle incroyable !! Des éléphants, des buffles, des girafes à foison, des bubales et des antilopes en veux-tu en voilà ! des singes, des milliers et des milliers d'oiseaux et des lions, des crocodiles….


Quand on se balade dans le parc, on a l'impression qu'ils sont là depuis toujours. En plus nous avons eut la chance d'avoir pour guide le responsable du site, un amoureux de la nature et de son travail, de plus l'accueil a été vraiment chaleureux.







C'est vraiment lui le Roi !



Moment magique !

Après l'effort…vous avez reconnu Said(Asseid), Zoubikette, Mc, Maman Annie, Diamantina, après c'est Mahamat, Morgane (nouvelle DCC de Mongo), Sylvestre et Assani notre Excellent guide.





Hommage au Père Bouzy, un saint prêtre qui aurait fêté ses 50ans offert au Tchad deux mois après son départ définitif pour la France, la maladie a eut raison de sa volonté de rester ici, je n'ai malheureusement pas d'autres photos de lui que celle que j'ai fais la veille de son retour, on le voit pas sur la photo, mais malgré la maladie et sa faiblesse, on sent en lui une joie incroyable.



Hommage aussi à la Sœur Akané, japonaise d'une trentaine d'année, une femme pleine de vie qui s'occupait des étudiants. Elle a perdu la vie dans un accident de la route tout comme la Sœur Paola, une italienne écrasé dans sa voiture par un « gros porteur » qui roulait sans frein, et bien sur sans assurance !15 jours avant Akané.



AGODU AFÊ ! (rester en paix)

























jeudi 5 mars 2009

LE MOT D'YVANNE



Yvanne, c’était l’Ange gardien du CCF (Centre Culturel Français), le seul lieu à l’heure actuelle qui propose des activités culturelles. Elle était responsable de la programmation. Elle a finit ses deux années de mission pour l’ambassade à la fin de l’année 2008. D’après le nouveau directeur arrivé il y a quelques mois, sans elle le CCF aurait certainement fermé ses portes après les pillages qui ont suivis les évènements de février 2008.
Son sourire et son énergie manquent à beaucoup.
Même si on s’est finalement que croisé, j’ai quand même eut le temps de la connaitre et de l’apprécier et je me suis dis qu’une touche féminine avec un autre angle de vue pouvait être intéressant.

« Ce pays de merde que j’aime beaucoup »

Séjour au Tchad terminé ! Xalas ! Quelques fragments de vie par touches impressionnistes qui s’étalent sur deux années (2007-2008). Difficile de faire le bilan d’une expérience dont je ressors ? … Perplexe et enthousiaste, fougueuse et vieillie, inassouvie et épanouie…

Episode 1 : « Entre ciel et rêve » ?
Je crois qu’ « entre rêve et terre » convient mieux. Poussière et chaleur sèche, lumière ocre.
Hier soir, avant-première d’un film tchadien, Tartina City. Salle comble, le public s’attend à une légère variation dans le désert ! Choc… Exploration des prisons souterraines pendant la dictature d’Hissène Habré. Les Tchadiens n’osent même plus répondre à leurs appels téléphoniques et entament un rire mécanique avant chaque séquence de torture. Fin. C’est notre Histoire, c’est trop dur. On hésite avant d’aller boire un verre à la cafét du CCF. Le directeur se plait à répéter qu’on a fait ce soir un formidable effort de mémoire. Et il se prend tout à coup d’une affection immense pour le réalisateur qu’il traitait deux heures plus tôt de bandit. L’artiste n’est pas dupe, il sourit en coin…
Daratt, à côté, c’est du miel. Enfin, la nuit passe, deux avions militaires font tressaillir les murs de mon immeuble et mes oreilles assoupies. Cinq heures du matin, les militaires, encore eux, sont déjà éveillés et vocifèrent des chants étonnamment mélodieux dans la rue : entraînement quotidien, ils sont des centaines à courir autour de la ville, course en cadence contrôlée. Si l’un d’eux a une défaillance, on dit qu’on le force à nager dans les égouts-dégoût puis à ramper sur le goudron pour qu’il s’abîme irrémédiablement la peau encore trop fraîche.
J’habite à côté de la présidence et tous les matins, je me pose la même question : comment, à quinze ans, peut-on être fier de faire le guet six heures durant, un kalachnikov encombrant des bras encore un peu frêles, convaincu que l’on protège un président qui en réalité, a beaucoup mieux à faire avec son approvisionnement en vodka Absolute.
Et pendant ce temps, les militaires français se laissent aller à l’illusion qu’ils sont les rois de la piste. La nuit tombée, ils prennent le look « métro parisien » ; petit tee-shirt saillant qui permet d’afficher leur seul argument valable: les pectoraux d’entretien. A défaut de faire ce voyage exotique au Tchad pour entretenir la paix, on croit se réconcilier avec « les Indigènes » en administrant quelques caresses maladroites à des jeunes femmes qui exhibent tout aussi maladroitement leurs arguments postérieurs. Bon, ils s’arrangent entre eux. Les jeunes tchadiens respirent quand les 12 coups de minuit retentissent et que les hommes aux cheveux trop courts pour rester anonymes, regagnent (en lignes courbes) leur caserne à la hâte.
Et moi, je me dis que la légèreté, ou du moins, l’envie de légèreté, permet de respirer un peu. Alors je m’en vais au marché. Je m’adresse à la vendeuse derrière son voile, qui doit m’esquisser un sourire en retour que je ne vois pas !
[…]
Il paraît qu’il faut conserver intacte sa capacité à rêver et je me garderai à présent de confondre cela avec les choix d’illusion exotisante… En tout cas, le décor est dressé, belle aventure de modification du rapport entre soi et la réalité. Accepter de ne pas changer le monde ni de se changer soi, juste admettre que le rapport entre soi et la réalité est entré dans un processus de modification irrémédiable. Expérience d’une forme de Vide vertigineuse. Je me tais, j’ai peur de plomber l’atmosphère ! (J’ai le sourire, quand même !)
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Episode 2 : Voiture-est-là !
« Mais qu’est-ce que tu fichais dans « les quartiers » à deux heures du matin ? » me demande mon chef quand je lui explique qu’en sortant d’une soirée, « j’ai perdu ma voiture ». « Comment ça, perdu ta voiture ?! ça ne se perd pas une voiture, ça se vole ! »
La police de N’Djaména, après avoir appelé les deux ou trois bandits susceptibles d’avoir fomenté le coup, vient chez moi à peine une heure après la déposition et m’annonce héroïquement que le véhicule est retrouvé. Croyant d’abord qu’il s’agit d’un miracle, la somme que la police ose me réclamer juste après le miracle, me fait quelque peu douter de cette efficacité spectaculaire ! Ils veulent quand même que j’attende la télévision pour prôner à l’antenne les mérites de leur institution ! Je m’enfuis du commissariat en roulant !
[…]
Mes deux voisins blancs rentrent en France pour quelques semaines. Ça me paraît surréaliste de les imaginer dans un contexte parisien, et pourtant… Ils sont parisiens ! Qu’est-ce qui est si différent ? Je mange pourtant des biscottes avec de la confiture, prends du café, écoute le même type de musique, fais les choses dans le même ordre quand je me réveille le matin, dis au revoir à la caissière une fois que les comptes sont bons. Qu’est-ce qui change vraiment ?
J’ai chaud mais je ne m’en rends pas compte. Cette chaleur est une traîtresse, elle donne une impression de torpeur, de gêne mais sait se faire oublier tel un vieux papier peint qui stagne sur les mêmes murs depuis des années, qui impose sournoisement une atmosphère mais que l’on ne voit plus.
PAUSE de trois jours, aujourd’hui, c’est la Saint Valentin ! Ici, c’est une grande fête. Des animations ont lieu dans tous les bars de la ville. Quelques jeunes rappeurs tentent maladroitement de m’inviter mais ce soir, je suis là, tranquille, à l’ombre de ma moustiquaire. A N’Djaména, les pires rebelles, ce sont les moustiques : ils sont avides du sang des blancs, adorent se remplir le corps par petits prélèvements douloureux et insistants ! Les salauds, à force de rébellions nocturnes, ma peau va ressembler aux murs de Beyrouth criblés d’impacts sanguinolents.
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Episode 3 : le temps des tam-tams
Encore une pause d’une semaine. Je croyais que l’Afrique octroyait le Temps… d’errer oisivement. Le Temps pour vivre est le même partout, c’est juste un choix à faire mais mon rapport à ce fameux temps est complètement déjanté ici. Je rêve de trouver le temps de faire le ménage… Etonnant pour ceux qui me connaissent bien ! Je rêve de trouver un lavomatique parce que je n’ai pas la bonne technique de lavage à la main : mes doigts finissent toujours par être beaucoup plus propres que mes vêtements incrustés de poussière. Je rêve d’aller courir dans les champs mais le soleil cuisant, la circulation, la poussière, les gaz à échappement, les militaires, l’état d’urgence sont autant de facteurs peu favorables à cette fantaisie !
Et puis, il y a tout ce dont je n’ai plus besoin de rêver ! Les jus de fruits pressés banane-avocat ou goyave-citron, les guitares-tam-tam à la lueur des feux de bois, sous la voûte étoilée, le carrelage de la salle de bains jamais froid, le soleil déjà radieux alors que je dors encore, les rappeurs qui rappent, les danseurs qui dansent, les chanteurs qui ont des choses à dire et qui savent aussi faire rire…
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Episode 4 : quelques samedis plus loin
Si j’avais des histoires à vous raconter, ce serait encore celle de ces soldats qui règnent nerveusement sur toute la ville dès que le président est de sortie ; le centre culturel français entouré de chars, le canon pointé vers l’horizon tranquille (parce que le même monsieur-président, a décidé de compliquer la vie de tous les N’Djamenois en venant à la finale de football de la CEMAC).
Mais je rêve déjà du concert de Lokua Kanza vendredi prochain, « d’Attachez vos cadavres » et des « Jambes d’Alice », pièces de théâtre au programme cette semaine !
Entre ces deux dynamiques aux antipodes : Danser et Dormir, je dois trouver la mesure. La vitalité est un bien à négocier constamment (entre les pannes de voiture et les maux de boyaux)
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Episode 5 : les saisons au rythme de la faune n’djamenoise.
Et puis vint ce 1er mai qui me rappelle la France. C’est férié ici mais c’est à l’initiative de là-bas. Il fait étonnamment gris ici aujourd’hui et pourtant, c’est un temps de là-bas. Là-bas c’est le printemps, ici, la saison des margouillats. J’ai toujours peur d’en écraser un quand je démarre la voiture mais ces gros lézards sont comme les pluies de printemps, ils s’infiltrent partout, sans perdre leur sang froid. Un bataillon de militaires est passé devant la maison à 5h du matin, comme tous les matins. Ils courent au rythme de leur chant ou plutôt, leur voix est segmentée au rythme de leur course. […]
Les oiseaux recommencent à piailler. Je n’ai jamais détesté les oiseaux à ce point. Ils annoncent la saison des pic bœufs, ces envahisseurs qui défèquent sans retenue partout où ils se posent. Même comportement que les forces de l’ordre : grégaires et bestiaux. De par leur nature, j’excuse les oiseaux.
Si je déteste le pic bœuf, ce n’est pas pour rien : c’est un oiseau pris dans la pesanteur de son propre réservoir de merde. Comment peut-il être léger, avec tellement de merde en lui ?
C’est ça, ce pays de merde que j’aime beaucoup (dixit Koulsy Lamko) appesantit toute aspiration poétique. J’en suis arrivée à tenir des propos scatologiques. Mais paradoxalement, quelle légèreté!
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Episode 6 : vendredi 1er février 2008, veille des attaques rebelles
Nous écoutons RFI, attendons les messages radio de l’ambassade de France… Les rebelles s’avancent, les tirs à l’arme lourde ont commencé à Massaguet, à 80 kms de N’Djamena. Mais tout cela reste abstrait. Nous sommes enfermés dans la résidence Kasser. La circulation dans la rue donne l’impression que les consignes que l’on reçoit sont issues d’une paranoïa digne de l’Etranger qui a peur. Je me rends compte que j’ai vraiment envie d’aller travailler, que le désoeuvrement fatigue, que la vie en groupe a ses limites. Je ne sais plus si j’ai envie de dormir ou au contraire, de faire un effort de lecture, histoire de dire que pendant les Evénements, j’ai lu un super roman ! Les films, j’en ai déjà trop vu. C’est comme de rester passif devant la télévision, à force, on s’épuise de ne pas faire fonctionner ses neurones et sa langue !
Alors voilà, on parle de la guerre, on se dit que peut-être, nous sommes entrain de vivre un moment bouleversant au Tchad… Est-ce qu’Idriss Deby a décidé de rester ?! Je n’en sais rien. Mais ce qui domine en réalité, c’est un sentiment de monotonie qui m’empêche d’aller chez le tailleur, d’aller boire un verre à Moursal, de pouvoir envoyer des textos, de donner des nouvelles sur le net, de maîtriser notre programmation CCF de février en croyant fermement que tout l’investissement en amont aura servi à quelque chose.
Oui, c’est le doute qui s’installe, en se disant que de toute façon, rien ni personne ne pourra changer la vie des gens ici. Le même schéma se répète inlassablement. Au pire, des morts, au mieux, des négociations. Dans tous les cas, le même despotisme autoritaire.
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Episode 7 : samedi 1er mars 2008, une fois la joie passée des retrouvailles avec TOUS les collègues et amis tchadiens
(après le rapatriement, le retour à N’Djamena)
C’est le rendez-vous de tous les premiers ou quoi ?
Déjà 5 jours que j’ai posé les pieds au Tchad et j’ai la désagréable sensation de me tourner les pouces, de devenir plus médiocre que dans ma période de Rmiste. Etonnant, ce regain de nombrilisme alors que la situation est chaotique. Il ne reste plus que les murs du CCF. Tout, tout a disparu. A présent, si je veux tenir le choc et trouver des solutions au chaos, relever la tête et rebondir, il faut que je m’accroche. Comment invoquer la pensée positive ? Je vais y songer, en tout cas, alors que j’entends un avion décoller, je me rends compte que je n’ai pour l’heure aucune inspiration.
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Episode 8 : re-con-struc-tion
Saut de presque 10 mois. La tête dans le guidon, on devient presque « con » quand on n’a qu’un mot à la bouche : « re-con-struc-tion ». Même plus capable de prendre de la distance et d’écrire un peu ! Je n’ai pas écrit non plus parce que le temps pressait, le mot « éphémère » commençait à prendre du sens et je voulais donc profiter intensément de ces derniers mois… Dommage, je ne vous parlerai pas de mes belles rencontres, des spectacles qui m’ont fait vibrer, des séquences émotion à chaque départ d’ami…
Voilà, les deux années se sont écoulées. Ma mission au Centre Culturel Français a été le symbole du paradoxe de ce pays : le chaos et l’espoir.
Les activités artistiques ont pu reprendre en novembre 2008, le lieu a été rééquipé, j’ai pu partir la conscience tranquille et fêter « dignement » mon départ, tout en ayant cette impression qu’il était trop simple de partir maintenant : je n’avais pas fini d’agir, de faire des rencontres, de partager, de rire et de danser. Bon, pour ça, ce n’est pas grave, ça s’exporte et puis, la vitalité n’a pas besoin de pays. Alors, malgré la distance, je vais continuer à penser q’il est possible de bâtir des projets, de vivre ensemble, de croire que l’avenir appartient à chacun et de constater que le gouvernement et la société maîtrisent la notion de conscience générale. Je vais continuer à imaginer aussi que si je reviens dans quelques années, les scènes indépendantes auront fleuri à N’Djamena et que de la ville n’émanera plus le vacarme des militaires mais la musique, les couleurs et les rires d’enfants (et revint la poésie… hi ! hi ! hi !).

Yvanne.

mercredi 21 janvier 2009

MEILLEURS VŒUX, un peu de charbon...

Les jours précédant Noël on a eut froid, le thermomètre est descendu la nuit jusqu’à 15, 14°, on a du sortir les pulls, les tchadiens ont sortis doudounes et bonnets ! Je dormais fenêtres fermées et dans mon duvet !
Depuis le thermomètre est bien remonté, il commence même à faire bien chaud.
Noel au Tchad, c’était différent, le soir nous avons une magnifique messe (comme toutes les messes ici) une fête qui a duré environ 3heures (19à 22H).La messe a bien remplit la soirée.
Nous avons ensuite festoyé avec un petit apéro et mangé un bon petit repas (poulet frites) arrosé d’une bonne bouteille de vin offerte par le père de Max, sa mère nous a préparé le désert. (Ils étaient venus passer une petite semaine).
Le 25 j’étais inviter chez Gargotto, pour un excellent et copieux poulet riz, j’avais amené une petite bouteille de beaujolais.
Le 26 vacances ! Nous partons avec Justine, Mokette et MC pour le sud du pays passer quelques jours de vacances (Max nous a rejoints après le départ de ses parents)
Nous nous sommes retrouvés avec une partie des DCC du pays, avons passé 3 trois jours à Moundou, 1 à Bebedja et 2 à Doba.
Au programme repos, balades en brousse, balade en pirogue, visite, bonne bouffe, nouba et même piscine !

Big up pour notre doyen DCC, Jacques, instit à la retraite, c’est ca l’emploi des seigneurs.

En route pour DOBA

Le 31 après un bon repas, nous avons chauffé la piste du bar dancing le privilège de Doba, avec une ambiance incroyable au passage de la nouvelle année, certain d’entre nous on eut le droit au compliment : « toi, tu connais dansé ».

Repas du 31, Mokette, Justine, Max, Anne-Sophie (médecin à Bebedjia),Thomas (constructeur à Doba), Viviane(Kiné à Doba), Aurélie (prof pour futurs infirmier à Goundy) Jean René et Raphaëlle, responsable d’un centre d’accueil à Moundou, Mc, et Joel, (en couple avec Anne-So, lui est informaticien)



Après une sieste de 2H, nous devions remonter à N’djamena, avec le bus de 6h…qui est parti avec 25h de retard ! Nous avons pour certain profiter de la journée pour aller voir Kome, le site pétrolier d’où part le pipeline qui rejoins le port de Kribi au sud du Cameroun (1070km).
Paysages assez incroyable d’une exploitation de pétrole au milieu de villages de brousse….


Le pétrole, une aubaine pour le pays ?
(Voir si possible le reportage Canal+, lundi investigation « Tchad : main basse sur l’or noir » la situation a évolué un peu depuis)
A en croire le dicton Africain que j’avais médité lors du stage de préparation au départ, pas sur :
« Si tu trouve du pétrole dans ton jardin, rebouche le trou et ne le dis à personne »

A notre retour à Doba, nous avions loupé le passage du président en tournée dans le sud….il était passé environ 1h avant notre passage mais le cortège n’était pas terminé, une voiture passait toute les minutes environ traversant la ville a vive allure. A Moundou ville dans laquelle il était passé aussi quelque jour plutôt une sœur a compté 137 voitures ! Sans compter les chars ! Le cortège juste à Doba a fait 4 morts et 2 blessés graves !!

Il est désormais devenu très difficile pour les tchadiens, surtout pour les N’djamenois de se fournir en charbon (on va dire que 98% des foyers utilise le charbon de bois pour la cuisson).
Raison évoquée : la déforestation, noble cause mais la vraie raison n’est pas là ; il s’agit de raison politique voir familiale, mais comme ici on n’est jamais sure de rien je ne vais pas m’avancer. Je pense simplement que le gouvernement se tape bien de la déforestation.
Les actions concrètes ont débutées quelques jours avant Noel, une nuit des militaires cagoulés ont entièrement incendié la seule fabrique de charbon de la capitale, j’ai vu l’incendie car cette nuit là je dormais à la belle étoile juste sur la rive en face et j’ai été réveillé par la lumière que dégageaient les flammes.
Depuis toujours, des minibus arrivent dans la ville surchargés de sac de charbon achetés en brousse, pour en faire le commerce à Ndjamena, les 12 arrivés un jour de la fin d’année ont servis d’exemple….tous ont cramés à l’entrée de la ville!!

On incite donc la population à s’équiper en gaz, juste la consigne vide s’achète en se moment à 79000fcfa, on la charge ensuite pour 13000.Et même si certain peuvent se l’offrir, le gaz est encore plus rare que le charbon en ce moment !Et on ne peut pas changer du jour au lendemain des habitudes de toujours.
Le sac de charbon est donc passé de 3000 à 20000fcfa en quelques jours, je suis passé cette semaine au péage de Koundoul village à 15km environ de la capitale, ou les militaires fouillent toutes les voitures arrivant du sud et confisquent charbon et bois.

Sacs de charbon saisis au péage de Koundoul


Pour le moment, on se demande bien comment la situation va évoluer.
On a parfois l’impression que ce peuple ne souffre pas suffisamment et qu’on cherche par tous les moyens à le faire souffrir encore plus !

Une belle et heureuse année à toutes et à tous sous la bénédiction de Celui qui est au dessus de nous tous.


SOYEZ DANS LA JOIE

mercredi 17 décembre 2008

VIVE LA LIBERTE et LA DEMOCRATIE !

Ce mois qui vient de s’écouler à débuté avec Ludwig ou Papy car il occupait mon poste de 2002à 2004, pour en mettre plein la vue à sa fiancé Marie il a choisit plutôt que d’aller à Venise ou de faire une petite croisière sur le Nil de l’emmener à N’djaména ! C'est vrai ils sont du Havre…
Comme la visite d’Amélie, d’Eglantine ou de Pat le belgicain cet été ; leur visite a fait du bien à toute l’équipe de N’djamena et leur séjour de trois semaines est passé très vite.





Ludwig et Marie. Ils ne sont pas tout mimi ?






Avec Merci et Keriang




Petit dej après une nuit à la Belle étoile

Juste quelques photos parmis d’autres qui résument un peu les excellents moments passés.



J’ai pas pu les raccompagner à l’aéroport car le jour de leur départ, le travail m’envoyait à Mongo, ville situé à mi-chemin entre N’djaména et Abeché.
Il faut 6h pour faire les 525kms (dont environ 200 de piste)
Encore un autre pays, d’autre réalités.
Environ 20000 habitants pour cette ville à grande majorité musulmane, (la communauté chrétienne compte300 personnes) les rapports entre musulmans et chrétiens sont excellents, et les « nasaras » sont très bien vus, car il n’y a aucun expatrié, les seuls blancs présents sont ceux de la mission catholique qui sont présents pour l’éducation, la santé et le dialogue interreligieux.
J’ai fait le voyage avec Guillermo, architecte espagnol venu pour le compte de l’association « Fé y Alegria » (association pour laquelle las Locas ; Brunhilde y Diamantina sont volontaires).
Guillermo a visité une bonne partie des écoles existantes, il a fait les relevés topographique pour les 3 écoles qui doivent être construite l’année prochaine, il a même fait des prélèvements de sable et de gravier dans chaque village, pour pouvoir analyser depuis l’Espagne comment investir au mieux la population locale dans les projets (en leur faisant faire les briques par exemple).
Il y a eut beaucoup de dialogue avec les habitants des différents villages, beaucoup d’échange avec l’équipe des formateurs pour la conception des salles de classe.
Guillermo a ramené tout ca en Espagne et avec un groupe de travail d’une université de Madrid, ils vont concevoir des écoles les plus adaptées possibles aux souhaits des enseignants, aux réalités climatiques et à l’environnement etc.
Je suis content d’avoir participé un peu à ce beau projet sur lequel une équipe dont fait partie Brunhilde et Diamantine travaille depuis plus d’un an à sensibiliser les parents sur les bienfaits de l’éducation tout en essayant de les intégrer au mieux dans le projet.
On voit ci est là des écoles construites par la B.M. sans aucune concertation avec la population et on comprend vite l’importance d’instaurer un vrai dialogue. (Je ne site pas d’exemple concret mais il n’en manque pas)
Le seul secret pour la pérennité ce genre de projet : que la population se l’approprie.
L’association prévoit de construire 19 écoles dans la région sur 5ans.
J’ai travaillé plus particulièrement sur la construction du siège de l’association, avec la visite des différents sites possibles, il s’agit sur deux ans de construire le siège national de l’association, le siège régionale ainsi qu’un centre de formation pour les formateurs.
On a beaucoup travaillé, mais en se rendant dans les différentes écoles en brousse, on en a prit plein les yeux. La région est absolument magnifique, à la frontière du désert au milieu des montagnes…voici quelques photos mais c’est tellement plus beau en vrai !













Une bonne partie de l’équipe de Mongo : (de gauche à droite)
Le père Alfredo (jésuite péruvien) responsable de Fé y Alegria Tchad ; Sylvestre (tchadien) le comptable de la mission, Nancy (DCC) la secrétaire de l’évêque ; Guillermo, l’architecte espagnol ; Brunhilde(vous connaissez) ; Annie, elle se paye une retraite dorée c’est sa 3ème année de coopération avec la DCC, elle gère trois dispensaire dans la région, on doute qu’elle rentre un jour en France elle a fait construire sa case dans la région ! Martin coopérant allemand ; Lydia coopérante Egyptienne et Diamantina.



Sur N’djaména, le boulot ne manque pas, mais on vient d’avoir en 2 semaines pas moins de 4 jours fériés :
Le 28 novembre, l’anniversaire de la proclamation de l’indépendance.
Le 1er décembre fête de l’investiture du président.
Le 8 décembre « tabaski » ou Aïd el Adha c’est la fête du mouton chez les musulmans (on a fêté ca chez notre ami Saïd) fête du sacrifice d’Abraham. Encore pour cette fête il a fallu attendre la veille au soir pour être sur que c’était bien le lendemain !
Enfin le 10 décembre, cette date est exceptionnelle puisqu’on fêtait à nouveau celle du 1er décembre ! Une grande guirlande a été érigée en face de la présidence sur laquelle on pouvait lire quelque chose comme : « 1990-2008_18ème journée de la liberté et de la démocratie vive le président »
Sinon Zain a de la concurrence puisque des 4x3 on poussés un peu partout dans la ville avec le président en photo avec un fond correspondant au thème: IDI le bâtisseur ; IDI le planteur ; IDI le rassembleur ; ou encore des « ma passion, construire le pays » ; « Tous derrière notre président sur la route du développement »etc
Et on a envie d’y croire !

Difficile de croire que c’est noël dans moins d'une semaine pas une guirlande, pas un père noël et surtout des températures qui avoisinent les 40° !
On a accueillis une petite nouvelle depuis quelques semaines Marie-Cécile, médecin qui a prit une dispo de 6 mois pour travailler à l’hôpital où Justine enseigne.


Sinon, moins joyeux j’ai eut l’occasion de me rendre compte ces derniers temps que c’est dur d’être loin de ses Amis les plus proches quand ils ne vont pas bien…Milles excuses pour ça.

Sur ce je vous souhaite à tous, fidèles lecteurs de belles fêtes de fin d’année, plein de bons moments en famille et entre amis.
Vous allez me manquer encore plus pendant cette période.
Premier Noel sans ma Maman et sans ma petite Famille !!! Ce sera difficile.

Je vous embrasse.
Et pensez à ceux qui ont chaud…